Résumé: Mobilités globales du Pouvoir
Curt Gasteyger
L’histoire du 20ème siècle fut caractérisée par le déclin de l’Europe et l’accès des E.-U. au rang de puissance mondiale.
Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, les E.-U. sont la seule super-puissance qui demeure et la question est, pour tous ceux qui s’intéressent à la politique et à l’Economie internationales, ainsi qu’au poids et aux règles du jeu, qu’une politique de force a imposées à celle-ci : combien de temps les E.-U. pourront-ils tenir cette position ? La réponse à cette question ne dépend pas seulement de l’apparition d’éventuels ou de véritables rivaux mais aussi du développement intérieur des E.-U. et de la détermination de l’équipe politique dirigeante respective à maintenir la position de puissance, actuellement unique en son genre.
Dans les dix à quinze prochaines années, il ne se développera encore, vraisemblablement, contre cette plénitude de la puissance, aucun contre-pouvoir à prendre au sérieux ; il n’y a, pourtant, pas lieu d’exclure que se fassent jour certains signes et certaines tendances, annonciateurs de futures mobilités du Pouvoir. L’unipolarité aboutit à un renforcement de courants antagonistes, comme on peut en voir surtout dans les relations actuelles qu’entretiennent l’Europe et l’Amérique. Démographie, ressources et capacité économique et technologique sont trois éléments, qui annoncent un affaiblissement du monopole américain du Pouvoir. Alors que 38 % de la population mondiale vivent en Chine et en Inde, on en compte 7,5 % dans l’Union européenne élargie et 4,5 % précisément aux E.-U.
La liste des candidats potentiels pour un rôle de puissance mondiale est courte et renferme peu de surprises : la Chine et l’Inde y sont répertoriées tout comme la Russie et l’U. E., chacune l’étant avec un potentiel différent.
Toutefois, la Chine est confrontée à d’énormes problèmes, en ce qui concerne l’amélioration de la situation économique de centaines de millions de chinois et les nuisances dramatiques, auxquelles l’Environnement est exposé ; tout comme l’Inde, le pays est extrêmement dépendant des importations de matières premières stratégiques ; vient se rajouter à cela une incapacité politique et institutionnelle à élaborer des réformes.
Comme la Chine, l’Inde n’est pas non plus, malgré des efforts considérables dans le secteur de la haute technologie et dans l’équipement nucléaire, une candidate essentielle pour jouer un rôle de puissance mondiale dans un avenir proche.
Malgré la richesse de ses ressources, la Russie est, en tant que pays isolé, pour le moment et probablement encore pour une période prolongée, dans le meilleur des cas : une puissance moyenne, en dépit de son potentiel d’équipement stratégique.
L’U. E. serait un facteur politique de poids, si elle disposait de l’ossature institutionnelle et de la capacité de décision politique. Puisque, sans préjudice du traité constitutionnel, rien ne changera en la matière dans un proche avenir, l’Europe ne peut pas défier les E.-U. sérieusement. C’est ainsi que rien ne changera, dans l’immédiat, pour ce qui a trait à la supériorité de la puissance américaine ; il demeure la question, qui est de savoir combien de temps la superpuissance aura la volonté et sera en mesure de jouer ce rôle. La mobilité du Pouvoir avance à petits pas (" Asiatisation " de l’Economie) et la conservation de la supériorité de la puissance a son prix ; l’extension impérialiste excessive est l’un des plus gros risques, ce que les E.-U. sont actuellement dans l’obligation de constater en Irak.
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