RĂ©sumĂ©: La dispute concernant l’Ă©quilibre et l’hĂ©gĂ©monie dans l’Union europĂ©enne
Heinz Brill
La dimension euro-atlantique qui s’est cristallisée avec le conflit en Irak et a mené à la formation de pouvoirs et de contre-pouvoirs comme caractéristique des relations entre l’UE et les USA est nouvelle dans la lutte pendant des siècles entre hégémonie et équilibre qui, selon la théorie standard du néoréalisme ne permet pas à la longue une répartition unipolaire des pouvoirs dans le système international. L’Europe elle-même ne se présente pas comme un acteur homogène en raison des trop grandes divergences d’intérêts entre les pays membres.
La géométrie variable de l’Europe ne se montre nulle part plus clairement que dans les divers «axes» sur la liste desquels la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, avec des réductions l’Italie, l’Espagne et aussi la Russie dans des calculs de forces toujours renouvelés figurent. La dispute concernant la double majorité pour la prise de résolution dans les institutions européennes n’est que la dernière issue de ces coalitions limitées dans le temps. Une «union dans l’Union» franco-allemande ne rencontre pas seulement le scepticisme des petits états membres, mais comporte également le potentiel de conflits avec les USA.
Le modèle «Kerneuropa» ventilé par Paris et Berlin signifierait, d’une part, une Europe à deux vitesses mais, permettrait d’autre part, à tous les états de l’UE de décider eux-mêmes du plan de l’intégration. Le concept n’est toutefois pas incontesté parce qu’il pourrait laisser l’UE se décomposer en alliances et coalitions dont le triomphe était et est l’objectif réel de l’intégration européenne.
D’autres signes visent à limiter la dominance franco-allemande par la création d’un nouveau centre de pouvoir; la proposition de l’Espagne à la Pologne de conclure un partenariat stratégique peut être classer dans cette théorie, opposition commune contre le projet de constitution inclue. Londres ne l’a pas regretté, étant donné qu’elle temporise en raison du scepticisme européen répandu.
L’axe Paris - Berlin - Moscou opposé à la guerre en Irak est remplacé depuis longtemps par un trilatéralisme allemand-français-britannique dont les coordinations dans la politique de l’industrie et de la sécurité ont éveillé la méfiance de petits états. On ne peut toutefois pas renoncer à ce moteur pour l’intégration européenne, même si l’engagement de Londres est de plus en plus jugé sceptiquement par les USA.
D’autres relations spéciales importantes au niveau régional dans le processus d’unification européen concernent l’initiative de l’Europe centrale revendiquée de manière déterminante par l’Autriche. Depuis 1999, après quelques élargissements, elle regroupe 16 états et sert de lien important entre les pays membres de l’UE, les candidats à l’adhésion et les états de la région qui n’auraient aucune chance d’adhésion en vue. La proposition autrichienne de partenariat avec les états voisins rencontra un terrain propice, plus particulièrement là, où la peur d’une dominance germano-française est la plus grande. En Europe du nord, la Suède, le Danemark et la Finlande avec les pays riverains de la mer Baltique, soit l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie essaient de renforcer leur influence dans l’UE sous la forme d’une nouvelle version de coopération.
Le rapport tendu entre l’hégémonie et l’équilibre n’est pas seulement soumis à un changement permanent au niveau de la politique internationale, mais également à celui de l’UE, sachant toutefois que les puissances dirigeantes tout comme les pays de taille moyenne et les petits pays sont exposés à une formation de coalition en changement permanent. Les stratégies unilatérales de pays membres de l’UE n’y ont pas de grandes chances de réussite. L’alliance de quelques pays membres résulte d’un contexte régional, sachant que la coopération est impensable sans les institutions de l’UE. L’Europe a besoin d’un renforcement de son identité et de ces capacités d’action politique afin de pouvoir répondre de manière satisfaisante aux questions épineuses telles que celles posées après les négociations en vue de l’adhésion de la Turquie ou les rapports avec la Russie.
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