Résumé: La mission antiterroriste des USA aux Philippines
Martin Wagener
En 1898, les Philippines ont été cédées aux USA par l’Espagne ; ce qui octroya à Manille le statut d’un territoire du Commonwealth autonome des USA en 1935 et, dix ans plus tard, devait aboutir à son indépendance. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale empêcha tout d’abord ce projet ; les Philippines devinrent indépendantes en 1946. Pendant la Guerre froide, les USA intégrèrent les Philippines dans leur alliance et conclurent avec elles un pacte d’assistance et des accords de base militaire qui subsistèrent jusqu’en 1991.
Cette annéelà, lorsque le Sénat ne prolongea pas les contrats, les USA fermèrent leurs bases et se retirèrent définitivement en 1992. Depuis cette époque, la coopération en matière de politique de sécurité a reculé et des doutes concernant la valeur du pacte d’assistance en cas de crise sont apparus. Les Philippines et les USA ont cependant pour intérêt commun de ne pas laisser l’influence de la Chine devenir plus grande en Asie du sudest. La coopération récemment à nouveau approfondie entre Washington et Manille semble être la sollicitation non ouvertement déclarée se cachant sous le signe de la lutte antiterroriste.
Cette coopération s’était déjà intensifiée avant le 11.9.2001 lors de la lutte contre le groupe de rebelles islamistes Abu Sayyaf qui semble dorénavant moins vouloir la création d’un état intégriste que l’extorsion de rançons. Quoi qu’il en soit, les USA ont mis à disposition un paquet avec des mesures d’assistance militaire pour une valeur de 92,3 mio. de dollars américains. La partie essentielle de l’accord avec Washington furent les manœuvres communes "Balikatan 2002-01", qui eurent lieu de février à juillet 2002 et servirent de formation par des conseillers militaires américains à 3 800 soldats philippins.
Pendant la 1ère phase, les soldats furent formés au sein des bases militaires philippines ; lors de la 2e phase, ils partirent alors en guerre contre Abu Sayyaf avec les conseils de forces spéciales américaines (U.S. Special Forces). Toute une série de petites manœuvres communes furent en outre effectuées, manœuvres qui peuvent être considérées comme préparation au deuxième round de la mission antiterroriste : la "Balikatan 2003-01" prévue pour 2003 s’exposa cependant immédiatement au feu de la critique de l’Opposition, étant donné qu’il s’était ébruité que, à la différence des manœuvres des années précédentes, des soldats américains voulaient cette fois également participer directement au combat.
La mission contre Abu Sayyaf semblerait avoir eu un affaiblissement substantiel du groupe de rebelles pour résultat, mais en même temps, de nouveaux adversaires en la personne de Moro Islamic Liberation Front et du Jemaah Islamiya sont nés. Le dernier semble être dangereux parce qu’il veut fonder un vaste état islamiste de l’Indonésie, la Malaisie, Singapour et du sud des Philippines et qu’il coopère étroitement avec Al Qaïda. Le New People's Army maoïste ainsi que des groupuscules ayant des relations avec le terrorisme international sont d’autres adversaires potentiels.
La constitution philippine de 1987 exclue clairement le retour de militaires américains sur des bases, la coopération de sécurité telles que les manœuvres "Balikatan" furent jugées de bon droit par la Cour constitutionnelle. Il semblerait que sous couvert de la lutte contre le terrorisme, Washington et Manille retrouve une coopération de sécurité étroite ; un accord logistique a récemment été signé au niveau des chefs d’Etat-Major, accord devant améliorer l’interopérabilité, la disponibilité et l’effectivité des forces armées grâce au renforcement de la coopération au niveau logistique. Les Philippines ont de ce fait subi une revalorisation stratégique qui pourrait encore augmenter, si Washington se voyait confronté à un conflit en Asie de l’est entre la Corée du Nord et du Sud ou entre Taiwan et la République populaire de Chine.
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