Résumé: La puissance militaire en tant qu´instrument de la politique étrangère au vingt et un siècle
Hans-Georg Ehrhart
Des conditions cadre internationales et des objectifs de la politique étrangère dépendent le volume de la participation de l’armée à la sécurité de l’état. Depuis la fin de la bipolarité, l’image de la menace a changé, dans le sens qu’une phase d’insécurité est apparue dans laquelle la violence militaire a modifié son caractère: A la place de la guerre interétatique conventionnelle, le Low Intensity Conflict (LIC) qui est surtout réglé intérieurement est apparu, il concerne des acteurs privés aussi bien que des acteurs publics et se caractérise, en comparaison, par des moyens guerriers « simples ».
L’armée postmoderne subit un changement des valeurs qui s’articule dans la relativisation des valeurs militaires telles que l’honneur et la patrie à travers un engagement humanitaire ; le soldat n’est plus seulement un combattant, il est également un défenseur de la paix et un diplomate, sa mission est de plus en plus souvent le maintien de la paix ou l’établissement de la paix (Peace Support Operations, PSO), son engagement est légitimé par des organisations régionales ou internationales. Les structures des forces armées multinationales contribuent à l’internationalisation de l’armée qui a une politique de sécurité coopérative à implanter et doit de plus en plus souvent coopérer avec des acteurs civils voire des organisations non gouvernementales.
La révolution dans le domaine militaire renforcé par la technologie nécessite une adaptation des structures de commandement et des forces armées ainsi que de celles des concepts de formation et d’engagement. Les ressources humaines sont partiellement remplacées par de nouvelles technologies, les soldats restants sont de plus en plus des spécialistes hautement qualifiés.
L’armée postmoderne est également confrontée avec la privatisation de la violence, avec l’exercice de la violence par des acteurs non gouvernementaux, bien qu’ici, les frontières vers la criminalité organisée sont floues.
Les tâches centrales de l’armée postmoderne sont le PSO et le LIC, les critères principaux pour la réussite, l’amélioration de la situation sur place des hommes et la préservation des propres soldats.
Un nouveau dilemme de sécurité apparaît dans le combat contre les acteurs non gouvernementaux, dilemme qui ne peut être affronté qu’avec une tentative globale, avec la prévention de conflit à travers la coopération et le développement.
Avec sa politique européenne de défense et de sécurité, l’UE poursuit, au moins tendanciellement, une telle tentative de sécurité. Son plan d’action en rapport avec la problématique du terrorisme et la menace dûe à des acteurs non gouvernementaux ne va toutefois pas assez loin.
L’Assemblée européenne en cours serait une bonne occasion de réfléchir sur la signification d’une puissance militaire pour la stabilité et la sécurité internationale sous le signe de la mondialisation.
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