Résumé: Terrorisme en Russie : expériences historiques et évolution actuelle
Alexander Schrepfer-Proskurjakov
Le nombre et la portée des attaques terroristes en Russie augmentent, ces derniers temps, de manière conséquente. Une raison importante en est la guerre permanente en Tchéchénie, qui s’est transformée depuis déjà quelques années en une brutale lutte clandestine. S’il y a eu, au total, en l’an 2000, 135 attaques terroristes en Russie - dont 115 en Tchéchénie - on en a enregistré déjà 327 en 2001 (dont 307 en Tchéchénie). Par comparaison aux 360 attentats en 2002, ce nombre est monté à 561 en l’an 2003, ce qui signifie une croissance de 55,8 %. Le nombre des attentats est d’autant plus élevé que le taux de découverte est faible. Il se situait, en 2003, aux alentours de 86, ce qui avoisine les 15 % et monta, en 2004, à seulement 17,7 %. Durant la seule période 1999-2004, plus de 1.000 personnes laissèrent la vie dans des attaques terroristes en Russie, 2.200 furent blessées.
Un groupe terroriste est une union de plusieurs personnes, comme suite à une convention secrète préalable, en vue de l’exécution d’une ou de plusieurs attaques terroristes. Il utilise la terreur comme moyen pour atteindre des objectifs tactiques, tandis qu’une organisation terroriste se sert de méthodes de terreur pour atteindre des objectifs politico-stratégiques. Les structures des organisations terroristes naissent soit de la formation, sur l’initiative de plusieurs personnes, de la sélection, de la réorientation, lors de laquelle un parti, un rassemblement ou un regroupement est infiltré par les membres d’une organisation terroriste, soit de la défonctionnalisation, pendant laquelle des structures d’Etat, telles que la Police, la Défense et les services secrets sont noyautés.
Lors du recrutement des membres, les femmes jouent un rôle important et sont de plus en plus fréquemment employées dans les attentats suicides. En 10 mois, depuis octobre 2002, celles que l’on a appelées les « veuves noires » ont causé 375 pertes de vies humaines. En dehors des femmes, des recrues toxicomanes et mineures sont recherchées pour des motifs divers : elles disposent d’une motricité fine de meilleure qualité lors de la pratique, par ex. : de dispositifs de dynamitage, de sens plus aiguisés, ainsi que d’une résistance nulle ou faible contre l’endoctrinement propagandiste.
L’histoire du terrorisme en Russie témoigne de ce que les terroristes modernes n’ont, par principe, rien découvert de nouveau ; les organisations terroristes sont fondées et agissent en suivant les mêmes règles du jeu qu’il y a, par ex. : 100 ans. Des études sur l’histoire du terrorisme en Russie peuvent révéler des informations nécessaires sur les mécanismes de fonctionnement universels des organisations terroristes, lesquelles sont valables de manière immuable et par-delà les frontières et permettent d’analyser la menace terroriste actuelle. C’est d’autant plus important que de nombreuses informations de la Police et des services secrets en Russie - et pas seulement en Russie - sont soumises à une stricte confidentialité en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme.
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